Big Mamma (ou comment perdre, presque, totalement
la récolte d’acacia)
2014 est pour nous l’année
de la frénésie d’essaimage. Les
ouvrières construisaient parfois des ébauches de cellules royales (pour l’élevage
des futures reines) dans les hausses alors même que la reine était bloquée dans
le corps grâce à une « grille à reine » : le maillage interdit à
la reine, trop grosse, de monter pondre dans les hausses où nous récolterons le
miel…
Pour nous seulement ? Pas si sûr.
Par contre, nous signons quand même un petit record local avec
Big mamma, dénommé ainsi faute d’inspiration florale, ayant déjà capturé un Baobab et un Gigantosaurus, et
parce que une fois dépassé les vingt essaims capturés, nous avons du admettre que
nous ne pourrions pas baptiser et financer des maisons pour tout ce petit monde.
Deux par deux, une partie des essaims sont regroupés dans une ruche Dadant
12 cadres et rejoindrons les effectifs d’un apiculteur professionnel. C’est
également le destin d’une bonne partie de Big mamma.
Un « essaim » dont la corpulence va des épaules aux genoux
et qui d’après Joseph ne peut pas exister, foi de dizaines d’années d’expériences
apicoles ! C’est aussi, ce que nous découvrirons au fur et à mesure, le rassemblement d’au moins cinq reines et de
leurs suivantes. Une belle cousinade !
La capture de cet « essaim » va finalement s’étaler
sur 2 jours et nécessiter le matériel suivant :
1 ruche Dadant 12 cadres avec une hausse, alias Big
mamma.
1 ruche Dadant 10 cadres avec une hausse, alias Junior
mamma.
Ainsi que trois ruchettes 6 cadres.
Une partie de Big mama en cours de capture |
Habituellement, on peut loger les abeilles d’un essaim dans
une ruchette, ou bien au pire, dans une ruche Dadant 10 cadres, sans la hausse !
La colonie Big Mamma, déménagé sur un autre rucher, montrera
qu’elle héberge en fait une reine qui a voyagé clandestinement sous son
plancher et qui peuplera une troisième ruchette que faute de mieux nous
appelons désormais, avec un mauvais goût assumé, « le slip de Big mamma ».
Donc résumons :
Un hiver doux (ponte pratiquement ininterrompue, avec le
parasite varroa destructor en embuscade).
Des colonies très fortes en sortie d’hivernage avec un début
de printemps idéal, notamment sur le colza, favorisant l’essaimage y compris
des colonies que par précaution, on a choisi de diviser (en répartissant les
cadres d’une ruche sur deux ruchettes par exemple, dont l’une, orpheline, va élever une nouvelle reine ).
Un brusque retournement de la météo sur des colonies qui ont
essaimé, histoire de figer le miel de printemps dans les hausses.
Des colonies dépeuplées, pour certaines orphelines à cause
du varroa et de la météo (elles accueilleront
en partie les essaims capturés), incapables de profiter des quelques belles
journées disponibles en début de miellée d’acacia.
Une floraison d’acacia inaccessible compte tenu du froid, de
la pluie et du vent.
Et pour finir, le miel d’acacia récolté sera consommé au fur
et à mesure par les colonies populeuses qui ne peuvent sortir butiner à cause
du mauvais temps.
Seules les colonies artificielles formés à partir des plus
gros essaims capturés comme Big mamma (trois hausses de 12 cadres), Junior mamma (deux hausses de 10 cadres), Baobab
et consorts, ainsi que les essaims regroupés et les rares colonies faibles à la
sortie de l’hiver, sont capables de produire un peu de miel d’acacia.
Le bilan :
Troisième année de disette en acacia pour les apiculteurs (
sondage « radio miellerie ») de Touraine, voire de la Région
Centre, peut être pour toute la zone Ouest.
Pour faire contre mauvaise fortune bon cœur, il semble que
les orphelinages (colonies abandonnées au
nid sans nouvelle reine fécondée) seront proportionnellement moins important
que l’année dernière. Les colonies ont fait preuve de vitalité et montrent qu’elles
sont prêtes à se multiplier y compris sur des colzas non pollués par des
pesticides. Pesticides = abeilles maladives ou intoxiquées =absence de miel.
Tant pis pour l’acacia, nos abeilles ont produit en
quantité, un magnifique miel de
printemps ! Un grand merci à nos
voisins agriculteurs et planteurs de haies mellifères !
Et pourront encore produire (les colonies se développant à
nouveau) bientôt un peu de tilleuls, un peu plus de châtaignier et soyons
optimiste un magnifique miel de forêt.
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